L’hydromètre est l’accumulation d’un liquide aseptique dans l’utérus. Il s’agit de la troisième pathologie de l’utérus la plus fréquente chez la lapine (après l’adénocarcinome et l’hyperplasie de l’endomètre). Elle ne représenterait cependant qu’environ 8,5% des pathologies utérines (Fuchs-Baumgartinger et al., 2009), touchant des lapines dont l’âge moyen est de 4 ans (Saito et al., 2002). Les signes cliniques incluent généralement une distension abdominale avec un utérus rempli de liquide détectable à la palpation, parfois un signe du flot, de l’anorexie associée à une perte de poids et une augmentation de la fréquence respiratoire par compression des viscères sur le diaphragme (Klaphake et Paul-murphy, 2012). Une anémie est aussi parfois constatée. À la ponction, le liquide est translucide, de faible densité et pauvre en cellules et en protéines (Tissier et Linsart, 2012).
La torsion utérine est quant à elle peu décrite chez la lapine et généralement associée à la gestation, l’hydromètre ou l’endométrite, bien que la cause soit difficile à déterminer (Sebesteny, 1972 ; Klaphake et Paul-murphy, 2012). La torsion utérine pourrait bien survenir secondairement à ces états, comme le suggèrent Na et Choi dans leur publication concernant le cas d’une lapine qui présentait un hydromètre de la corne utérine gauche ayant évolué vers une torsion utérine et une métrite de la corne droite (Na et Choi, 2014).
En l’absence de traitement, on observe une mortalité de 50% des cas d’hydromètres dans les 3 mois suivant le diagnostic (Saito et al., 2002). Néanmoins, les cas décrits pour lesquels un traitement a été entrepris sont peu nombreux. En effet, en 1989, Morrell décrit 4 cas d’hydromètre chez des lapines de laboratoire : trois d’entre elles ont été euthanasiées sans tentative de traitement tandis que l’une d’entre elles a subi une abdominocentèse et a reçu des diurétiques. Malgré un soulagement temporaire, l’animal a finalement été euthanasié à son tour (Morrell, 1989).
Hobbs et Parker ont quant à eux décrit un cas d’hydromètre associé à une torsion utérine sur une lapine de 2 ans l’année suivante (Hobbs et Parker, 1990) tandis qu’un cas d’hydromètre a été décrit sur une lapine de 3 ans par l’équipe de Bray en 1991 (Bray et al., 1991). Dans les deux cas, l’euthanasie a été décidée.
En l’absence d’efficacité du traitement médical, la chirurgie, et plus particulièrement l’ovario-hystérectomie, est aujourd’hui le traitement de choix. Notre cas présentant en plus une torsion utérine, la chirurgie précoce était la seule option envisageable. Il est probable qu’une torsion utérine puisse entraîner des nécroses par compression vasculaire voire une rupture d’organe.
Bien qu’il s’agisse d’une technique réalisée en convenance, l’ovario-hystérectomie reste néanmoins invasive et non dénuée de risque, d’autant plus chez un animal dont l’état général est altéré. Une ovario-hystérectomie a été tentée sur une lapine de 6 ans présentant un hydromètre en 2008 mais l’animal a fait un arrêt cardio-respiratoire au cours de l’anesthésie et les mesures de réanimation se sont avérées vaines (Lang et al., 2008). Il convient donc de rappeler l’importance que représente la maîtrise de l’anesthésie dans ce type de procédure, notamment dans un contexte de compression du diaphragme par les viscères, gênant ainsi la respiration. Il est par exemple recommandé d’incliner le corps du lapin lorsqu’il est placé en décubitus dorsal en relevant légèrement le thorax afin que le poids des viscères et notamment de l’hydromètre ne compriment pas le diaphragme.
Un cas décrit d’ovario-hystérectomie chez une lapine de compagnie présentant un hydromètre s’est soldé par un succès en 2012 mais contrairement à notre cas, il n’était pas compliqué d’une torsion utérine mais d’ulcérations mammaires. Plus de 8 mois plus tard, aucune récidive n’a été observée (Tissier et Linsart, 2012).
Les hydromètres et les torsions utérines sont donc peu fréquemment rencontrés et assez peu décrits dans la littérature. Jusqu’à présent, peu de traitements ont été entrepris et la plupart se sont soldés par un échec. A notre connaissance, nous décrivons ici le premier cas d’hydromètre associé à une torsion utérine traité avec succès par une ovario-hystérectomie chez une lapine de compagnie. Cette technique, bien qu’à risque, reste le traitement de choix de cette affection, et des affections utérines en général.