La pancréatite : un diagnostic délicat
Le diagnostic de pancréatite aiguë chez le Chien constitue un véritable défi pour le vétérinaire.
Des signes cliniques peu spécifiques
Une équipe a étudié 70 chiens sur lesquels une analyse histopathologique a montré qu’ils étaient atteints de pancréatite aiguë 1.
Les signes cliniques les plus fréquemment observés étaient une anorexie (91 %), des vomissements (90 %), une faiblesse (79 %), une douleur abdominale (58 %) et un syndrome de polyuropolydipsie (50 %). Une telle présentation clinique amène un diagnostic différentiel vaste qui, comme exposé plus haut, comprend la plupart des organes abdominaux et certaines affections extra-abdominales.
Une aide apportée par l’imagerie
Les signes radiographiques évocateurs d’une pancréatite sont :
- une augmentation de la radio-opacité des tissus mous associée à une perte des détails dans le cadran abdominal crânial sur les vues de profil et/ou dans le cadran crânial droit sur les vues de face ;
- un effet de masse observé sur les structures intestinales adjacentes (pylore, duodénum descendant, côlon transverse) ;
- une dilatation aérique du duodénum descendant.
La sensibilité de l’examen radiographique pour le diagnostic de la pancréatite aiguë a été évaluée à 24 % dans une étude portant sur 70 chiens 1.
Les signes échographiques évocateurs d’une pancréatite sont :
- un pancréas de taille augmentée ;
- une hypo-échogénicité du parenchyme pancréatique ;
- une hyperéchogénicité des structures voisines du pancréas (en raison d’une inflammation de proximité) ;
- des lésions cavitaires du parenchyme pancréatique ;
- une dilatation des canaux cholédoque et/ou pancréatiques.
La sensibilité de l’examen échographique pour le diagnostic de la pancréatite aiguë a été évaluée à 68 % dans la même étude. Les anomalies observées concernaient le lobe droit du pancréas chez 96 % des animaux 1.
Il paraît donc évident que l’imagerie médicale est souvent insuffisante pour diagnostiquer une pancréatite aiguë.
Néanmoins, les examens d’imagerie, associés à l’examen clinique, représentent la base du diagnostic de la pancréatite aiguë chez le Chien. Ils ne permettent pas toujours d’affirmer la présence d’une atteinte pancréatique, mais ils sont indispensables pour écarter les autres affections qui entrent dans le diagnostic différentiel et interpréter les analyses sanguines.
Un recours possible à la biologie
Pendant longtemps, le diagnostic de la pancréatite aiguë chez le Chien a reposé sur le dosage des concentrations plasmatiques de la lipase, de l’amylase et de la trypsin-like immunoreactivity (TLI). La sensibilité de ces dosages pour le diagnostic de la pancréatite aiguë s’est révélée relativement faible 1, 2.
Le dosage de la concentration sérique de la lipase pancréatique canine (cPLi®) existe depuis peu chez le Chien. Ce dosage est validé analytiquement 3, mais on manque de recul pour évaluer ses véritables performances diagnostiques en termes de sensibilité et spécificité et pour les comparer au dosage simultané et de suivi de la lipase et de l’amylase.
Ce dosage est disponible sous deux formes en France : un dosage quantitatif (Spec cPL®, IDEXX®) et un dosage semi-quantitatif (Snap cPL®, IDEXX®) au chevet du patient.
Le diagnostic de certitude peut nécessiter une biopsie
L’analyse histopathologique de biopsies pancréatiques, si l’état clinique de l’animal le permet, est considérée comme l’examen de choix pour diagnostiquer une pancréatite aiguë 1, 2, 4.
Elle autorise le chirurgien, dans la plupart des cas, à identifier des lésions macroscopiques, à porter un diagnostic précis de l’affection pancréatique (pancréatite suppurée nécrosante, lymphoplasmocytaire, fibrosante ou tumeur pancréatique) et à mettre en place un traitement au long cours, s’il est nécessaire.
Lors de l’intervention, un bilan d’extension des lésions peut être réalisé voire un prélèvement d’autres organes comme le foie ou l’intestin.
De plus, cela permet de réaliser un bilan d’extension des lésions et de prélever d’autres organes comme le foie ou l’intestin.
Cependant, l’absence de lésions macroscopiques ne signifie pas l’absence de pancréatite 5. La limite de cet examen réside dans sa faible spécificité 5.
L’analyse d’une biopsie réalisée au hasard peut donc être négative alors que le pancréas présente des lésions dans une autre région 5.