L’animal contagieux

en hospitalisation

Auteur: Dr.Christophe Bille – 28/03/2013 Centre Hospitalier Vétérinaire des Cordeliers, 29 avenue du Maréchal Joffre, 77100 Meaux. E-mail: cbille@chvcordeliers.com

Définition

Contagion

Transmission d’une maladie d’un sujet malade à un sujet sain.

Modalité: directe, indirecte ou mixte.

Définition

Infection nosocomiale: infection contractée dans un établissement de santé.

Infection nosocomiale: peu et mal documentée en médecine vétérinaire en 2008

       

Experts en sécurité biologique de 38 universités vétérinaires 82%: 1 épisode d’épidémie de maladie nosocomiale dans les 5 ans qui ont précédés l’étude. 45% > 1 épidémie.

≥ 1 infection nosocomiale chez 16% des patients hospitalisés en soins intensifs.

Tous les vétérinaires sont confrontés aux risques d’infection nosocomiale et d’épidémie d’infections nosocomiales, quelle que soit la taille de leur structure.

Problématique

Comment le vétérinaire peut il appréhender ces risques dans sa pratique quotidienne? Est il possible de les limiter?

Approche en 3 phases

I. Recommandations dans l’organisation générale d’une structure vétérinaire.

II. Limiter le risque de transmission des agents infectieux.

III. Points clefs lorsqu’une structure est confrontée à une épidémie.

Organisation d’une structure vétérinaire

Organisation générale

Pas d’organisation type

  • Zone d’accueil et de vente.
  • Zone de consultation.
  • Zone de soins et d’hospitalisation.
  • Zone de ségrégation.

Penser à :

  • Fluidifier les mouvements/limiter l’attente.
  • Réglementer l’accès aux différentes zones.
  • Essayer de respecter le principe de marche en avant.

Capacité de son chenil

Nombre de cage

  • Éviter le face à face.
  • Occupation à 80%.

Facteur humain

  • Journée de 8h = 480 minutes
  • 1 chien sain = 15 minutes / 20 animaux sains = 300 minutes
  • 1 chien malade = 20/30 minutes x fois
  • 1 cage = 15 minutes
  • 1 sol =15 minutes

Adhésion du personnel aux bonnes pratiques d’hygiène des mains

 

  • Surchargé: 25%
  • Non surchargé: 70%
  • Hospitalisé pendant la période de surcharge = risque d’infection nosocomiale X 4.4

Surfaces et sols

Les surfaces doivent pouvoir être nettoyées/désinfectées si besoin

1. Organisation spatiale de la structure considérée.

2. Densité de peuplement réfléchie.

3. Ameublement adapté.

Maîtrise des risques d’infection

Les modes de contamination.

Une maladie peut être transmise par plusieurs modes.

  • Contamination par microparticules aéroportées.
  • Contamination par voie orale.
  • Contamination par contact direct.
  • Contamination par des objets inertes : formites.
  • Contamination par des vecteurs.

Contamination par microparticules aéroportées

→ La plus difficile à maîtriser

  • Un contact rapproché est nécessaire.
  • Fluidifier les mouvements, limiter l’attente.
  • Éviter les cage en face à face. Laisser une cage vide entre 2 animaux.
  • Répartir les animaux en groupes (sains, sensibles, infectés).
  • Nettoyage/désinfection: persillère, un aspirateur (balai, jet haute pression).
  • Systèmes UV, flux d’air.

Contamination par voie orale

  • Implique la consommation de l’agent responsable.
  • Aliment, boisson, cage, grilles, jouets…
  • Attention aux zones extérieurs communes (parking).
  • Isoler les animaux présentant une diarrhée.
  • Ne pas laisser les gamelles.
  • Jeter les boites ouvertes.

Contamination par contact direct

Contact avec une plaie, la muqueuse buccale, la muqueuse nasale, la peau, la salive, les organes génitaux ou le sang. Barrière d’espèce

  • Zones communes (parking, salle d’attente, salle de soins).
  • Fluidifier, limiter l’attente.

Contamination par des formites

Enterococcus spp et de Staphyloccus spp. Comparés aux poignées de portes, les cages, les tables d’examen, le sol, les claviers d’ordinateurs, les téléphones et les balances présentaient un risque plus élevé de mettre en évidence l’un des 2 agents.

67% des stéthoscopes culture +

La principale méthode de lutte contre la transmission par des formites est la mise en application de bonnes pratiques d’hygiène du personnel et de nettoyage/désinfection.

Hygiène du personnel soignant

Vêtements jetables, attacher les cheveux, pas de pendentifs, pas de bijoux aux poignets

 

En 2008, 48% des vétérinaires (animaux de compagnie) se sont lavé les mains après chaque contact avec un patient.

Décontamination des mains

  • Avant et après avoir eu un contact avec un patient.
  • Avant de poser un cathéter périphérique, un cathéter central, une sonde urinaire.
  • Après avoir touché du matériel médical dans l’environnement direct d’un patient.

Lorsque les mains sont souillées, il est recommandé de les décontaminer avec du savon doux ou du savon désinfectant.

 

Nettoyage/désinfection

Pas de protocole unique.

Plusieurs protocoles doivent s’adapter à la structure et aux produits utilisés. Vétérinaires : pas d’interlocuteur.

Se référer à la notice d’utilisation

  • Rinçage.
  • Nettoyage (détergent). Bien frotter.
  • Rinçage.
  • Séchage.
  • Désinfection (désinfectant).
  • Séchage.

Table de consultation

  • sprays hydro alcooliques

Salle d’attente/cages et sols des chenils

  • Débarrassé de tout débris organique immédiatement.
  • Nettoyage local (détergent) immédiat.
  • Nettoyage complet 2 fois par jour.
  • Pour 5 phases de nettoyage, initier un cycle nettoyage/désinfection

Chenil maladie contagieuse

  • Nettoyage/désinfection à chaque cycle

Pensez aux autres surfaces

  • Dessus des scialytiques, pieds des tables, support des chariots,…
  • Éponge humide imprégnée d’un nettoyant/désinfectant dilué (avec précaution lorsqu’il y a un système électrique).
  • Pensez aux objets inertes: Thermomètre, ciseaux, gamelles…

Attention aux éponges sales Attention aux tissus

Contamination des vecteurs

Puces, tiques, moustiques

  • Prévention.
  • Examen clinique attentif +/- traitement.
  • Débroussaillage, eau stagnante.

Les modes de contamination

Une maladie peut être transmise par plusieurs modes.

  • Contamination par microparticules aéroportées.
  • Contamination par voie orale.
  • Contamination par contact direct.
  • Contamination par des objets inertes : formites.
  • Contamination par des vecteurs.

Que faire faire à une épidémie ?

Organisation Mondiale de la Santé:  une maladie acquise par un nombre relativement élevé de personnes dans une région donnée durant un intervalle de temps relativement court.

Larousse: développement et la propagation rapide d’une maladie contagieuse, le plus souvent d’origine infectieuse, dans une population.

  • Pas de définition numérique.
  • Repose donc largement sur l’appréciation du clinicien.
  • Surveiller les infections nosocomiales
  • Surveiller tout le monde, toutes les maladies?
  • Focaliser son attention.
  • Structure en relation avec un refuge de chats: coryza
  • Structure de référé chirurgical: plaies

Identifier, caractériser la maladie

En cas d’épidémie, contacter le laboratoire d’analyse. Prélèvements: nature (écouvillonnage, sérologie, PCR…), lieu …

Identifier les individus infectés et les facteurs de risques

  • Confirmés: historique d’exposition à la maladie + mise en évidence de l’agent infectieux sur les prélèvements biologiques.
  • Suspects: contact avec un cas confirmé dans les 2 semaines précédentes + développement de symptômes compatibles avec la maladie / contact avec un cas confirmé dans les 2 semaines précédentes + mort soudaine / contact avec un cas confirmé + séropositivité en présence de signes cliniques ou non.
  • Possiblement infecté: contact avec un cas confirmé dans les 2 semaines précédentes + développement de certains symptômes compatibles avec la maladie et pour lequel les analyses biologiques n’étaient pas disponibles.

Isoler les animaux infectés

  • Ne pas hospitaliser si possible. Exemple: calicivirose féline.
  • Si hospitalisation requise: restreindre l’accès au chenil contagieux. Exemple: 1 vétérinaire + 1 infirmière

Renforcer les règles d’hygiène

  • Chenil contagieux: règles d’accès (sas, vêtement, gants, décontamination mains, nettoyage/désinfection).
  • Aucun objet ne sort.
  • Mode de contamination (si identifié): attention particulière.
  • Renforcer les bonnes pratiques d’hygiène dans la structure.

Évaluer évolution épidémie

  1. L’épidémie est contenue. Aucun nouveau cas n’est identifié. Les écouvillonnage de l’environnement sont négatifs. Mise en place d’une période d’évaluation. Modalités au cas par cas. calicivirose ≠ infection de plaie chirurgicale
  2. L’épidémie n’est pas contenue. De nouveaux cas apparaissent, les écouvillonnage de l’environnement sont positifs.

Vide sanitaire

  • Fermeture du chenil.
  • Arrêt de l’activité d’hospitalisation.
  • Accès restreint à l’équipe de nettoyage désinfection

Évaluer évolution épidémie

1er Juillet 2003: admission du cas index.

10 Juillet 2003: cas index positif.

Prise de conscience de l’augmentation de la mortalité sur plusieurs semaines.

Essais de récolte de données rétrospective par les cliniciens; difficultés d’obtention des informations dans les dossiers cliniques, absence d’analyses microbiologiques.

  • 10-28 Mars 2004: augmentation du nombre de cas dans les unités d’orthopédie et de soins intensifs. Nettoyages/désinfections répétées: échecs.
  • 31 Mars 2004: fermeture des unités d’orthopédie et de soins intensifs. Nettoyages/désinfections.
  • 6 Avril 2004: 1er résultats de l’étude épidémiologique.
  • 9 Avril 2004: réouverture des unités d’orthopédie et de soins intensifs.
  • 13 Avril 2004: fermeture de l’hôpital pour les patients programmés pour une durée de 2 semaines.
  • 16 Avril 2004: consultation téléphonique avec un expert en biosécurité.
  • 27 Avril 2004: réouverture du service d’orthopédie.
  • 5 -10 Mai, 2004: visite des experts en biosécurité.
  • 10 Mai 2004: hôpital fermé.
  • Août 2004: début de réouverture.
  • Janvier 2005: réouverture complète.

Bilan

  • 54 chevaux, 6 bovins, 1 agneaux. Mortalité cheval: 31.5% (17/54).
  • L’épidémie a duré 18 mois.
  • Fermeture totale pendant 3 mois.
  • Réouverture progressive sur 8 mois.
  • Perte financière estimée à 4,12 millions de dollars.

L’épidémie a été « ressentie » par les cliniciens.

Fermeture alors que le nombre de cas baisse.

Que faire face à une épidémie ?

  • Reconnaître une épidémie.
  • Identifier et caractériser la maladie.
  • Identifier les individus et les facteurs de risques.
  • Isoler les animaux infectés.
  • Renforcer les règles d’hygiène.
  • Évaluer l’évolution.
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