Diagnostic et traitement de l’aspergillose
Points forts
- Le diagnostic est établi à partir de la positivité de 8 des 9 examens suivants : imagerie médicale (radiographie, scanner ou IRM), rhinoscopie, identification d’Aspergillus (par cytologie, histologie ou mise en culture), sérologie.
- Le traitement topique par balnéation est recommandé, si possible après débridement.
- La présence ou l’absence de signes cliniques ne préjuge pas de la guérison. Un examen de contrôle par rhinoscopie est conseillé, associé systématiquement à une nouvelle balnéation.
- Le pronostic est réservé (:6 % de guérisons seulement, même lors de traitements répétés), en raison du risque de chronicité et d’extension de la maladie, au système nerveux notamment.
Cas clinique
Anamnèse et examen clinique
Un chien rottweiler mâle âgé de 8 ans est présenté en consultation pour un jetage bilatéral et des éternuements évoluant depuis un mois, avec un amaigrissement associé.
À l’examen général, les muqueuses sont roses, et la courbe respiratoire et l’auscultation pulmonaire sont normales.
L’examen approfondi de l’appareil respiratoire supérieur met en évidence un jetage mucopurulent bilatéral et une augmentation du flux d’air nasal à gauche.
Balnéation chez un berger allemand atteint d’une aspergillose naso-sinusale. L’énilconazole à 7 % est injecté dans les cavités nasales via des sondes de Foley placées dans les narines.
Diagnostic
Les hypothèses diagnostiques incluent une rhinite infectieuse ou consécutive à la présence d’un corps étranger, et une néoplasie nasale.
Des examens complémentaires d’imagerie sont entrepris.
- Un examen tomodensitométrique (qui permet, selon l’expérience de l’auteur, une meilleure évaluation des lésions qu’une radiographie) montre des images de rhinite atrophique à gauche, avec une extension sinusale ipsilatérale.
- Une rhinoscopie est réalisée dans le même temps anesthésique. Elle objective une inflammation nasale bilatérale et confirme la destruction partielle des cornets nasaux à gauche. Un tapis mycélien est visible et un diagnostic visuel de rhinite fongique est établi.
Des prélèvements des colonies fongiques sont pratiqués, qui sont positifs pour Aspergillus fumigatus.
Traitement et suivi
Le traitement consiste en une balnéation des cavités nasales avec une solution d’énilconazole à 2 %, après un rinçage sous pression des tapis mycéliens. Cette balnéation est continue durant une heure. Elle est associée à un traitement systémique au kétoconazole (10 mg/kg/j).
Lors du contrôle 1 mois plus tard, le jetage est toujours présent. Un nouvel examen rhinoscopique est complété par la trépanation des sinus frontaux.
L’introduction du rhinoscope dans les orifices de trépanation confirme la présence de placards fongiques au niveau de l’ostium sphénoïdal. Les sinus sont flushés avec une solution saline, puis une seconde balnéation à l’énilconazole est mise en oeuvre, suivie de l’application d’une crème au clotrimazole à 1 % dans chaque sinus.
Une phase de rémission est observée pendant 1 mois, au cours duquel le chien n’est plus symptomatique et reprend du poids.
Au contrôle suivant, à 2 mois postopératoires, l’état de santé de l’animal s’est de nouveau dégradé. Un second examen tomodensitométrique révèle une aggravation des lésions osseuses secondaires : hyperostose de la paroi du sinus frontal et ostéolyse partielle de la lame criblée de l’ethmoïde, sans atteinte décelable de l’encéphale.
L’examen rhinoscopique objective l’extension des placards fongiques à la cavité nasale droite malgré les 2 traitements précédents.
Dans les jours suivants, des crises convulsives sont rapportées par les propriétaires.
L’hypothèse d’une diffusion des antifongiques ou du matériel septique vers l’encéphale à la suite de l’atteinte de la lame criblée est émise.
Un nouvel examen tomodensitométrique est proposé, mais refusé par les propriétaires. La décision d’euthanasie est prise.