Les signes cliniques d’une tamponnade sont liés à la restriction des mouvements cardiaques. Cela concerne en premier lieu le cœur droit, plus sensible à l’augmentation de pression dans le péricarde en raison de la finesse de sa paroi. Une distension jugulaire, associée à une tachycardie, un assourdissement des bruits cardiaques, une ascite et une hépatomégalie sont les plus fréquents [4].
Un traitement médical en première intention
Le traitement des épanchements péri-cardiques doit être médical avant d’être chirurgical : la ponction de la plus grande quantité possible de liquide permet de supprimer la tamponnade, elle répond au besoin urgent de redonner une amplitude normale aux mouvements du myocarde.
Les indications chirurgicales concernent surtout les récidives d’épanchements idiopathiques. Dans ce cas, une nouvelle ponction est peu indiquée en raison du risque d’évolution vers une fibrose du péricarde qui altère le pronostic post-opératoire. La gestion chirurgicale permet alors d’obtenir une survie de 72 % à 18 mois [4,5].
La chirurgie : ultime recours lors de néoplasie
Une péricardectomie peut également être envisagée lorsqu’une origine tumorale a été suspectée, dans un but palliatif, pour certaines tumeurs d’évolution lente (chémodectomes : survie moyenne de 129 jours après traitement médical contre 661 jours après péricardectomie ; mésothéliomes : survie moyenne postopératoire de 400 jours) [4,5].
L’anesthésie est envisagée quelques jours après ponction péricardique, afin d’intervenir sur un animal présentant une fonction cardiaque normalisée.
Les hémangiosarcomes de l’oreillette se développent préférentiellement à droite, ce qui impose de pourvoir visualiser le cœur droit dans son intégralité. Une thoracotomie au cinquième espace droit est donc le plus fréquemment utilisée pour aborder le sac péricardique. Les précautions anesthésiques et analgésiques sont identiques à celles décrites pour le traitement d’un canal artériel.
Le nerf phrénique est repéré et protégé, une incision longitudinale du sac est réalisée ventralement au nerf sur toute sa longueur. La section est ensuite poursuivie du côté gauche, de manière à retirer la plus grande quantité de sac possible et à extraire la coupole ventrale en une seule partie (photo 5).
Photo 5. Solement et ligature du péricarde.
Il peut être plus confortable d’opérer l’animal en décubitus dorsal : la position du cœur dans le sac péricardique dégage alors la zone ventrale du sac et facilite sa dissection. La plaie de thoracotomie peut être de petite taille et proche de la jonction chondro-costale, ce qui permet de limiter la douleur et la morbidité post-opératoires.
Cette intervention est de plus en plus réalisée sans thoracotomie, par thoracoscopie. La vidéo-chirurgie est bien adaptée à la réalisation d’une fenêtre péricardique permettant le drainage thoracique du liquide d’épanchement. Dans ce cas, la résection n’a pas besoin, comme en chirurgie conventionnelle, d’être subtotale, l’ablation d’une fenêtre de 5 cm suffisant [6,7] (photo 6).
La récupération clinique est le plus souvent rapide ; un drain thoracique est mis en place et laissé entre 6 et 48 heures, en fonction de sa production.
Photo 6. Résection d’une fenêtre péricardique en thoracoscopie.