Le synoviosarcome (SS) est une tumeur maligne, de croissance lente, peu fréquente, dont l’origine est la capsule articulaire et la gaine tendineuse 1. Elle compte pour 27 % des tumeurs articulaires 2. On retrouve cette lésion tumorale plus fréquemment chez le chien de race de taille moyenne à grande et d’âge moyen avec une prédisposition du flat-coated et du golden retriever ; elle est rare chez le chat 1. Il n’a pas été mis en évidence de prédisposition de sexe. Il s’agit d’une lésion généralement localement agressive présentant un potentiel métastatique modéré à élevé au niveau des nœuds lymphatiques, du foie et des poumons (32 % au moment du diagnostic et jusqu’à 54 % au moment de l’euthanasie) 1, 3.
Dans notre cas il n’a pas été possible de réaliser un bilan d’extension en raison de la décision d’euthanasie prise par les propriétaires. Les articulations les plus fréquemment atteintes sont le genou, le coude et l’épaule bien que toute articulation puisse être touchée. La boiterie est le motif de consultation le plus fréquent ce qui peut parfois mener le clinicien à suspecter une autre atteinte orthopédique comme c’était le cas ici. Les autres motifs de consultation possibles sont la léthargie, l’anorexie et une hémiparésie 4. Comme dans notre cas, un gonflement périarticulaire peut être palpé 5.
Cette tumeur engendre de la douleur car la membrane synoviale est dotée de nombreuses fibres sensitives 4. Le chien de notre cas ne semblait pas présenter de douleur associée à la manipulation. Néanmoins celle-ci était difficile à évaluer de par le caractère agressif de l’animal.
Les lésions radiographiques généralement rencontrées sont un gonflement des tissus mous périarticulaires pour les stades précoces et une invasion osseuse avec destruction pouvant intéresser les deux os de l’articulation pour
les stades plus avancés 1, 2, 5. Les lésions osseuses possibles vont de la réaction périostée spiculée mal définie à la présence de lésions ostéolytiques ponctuées 1.
On peut également avoir des zones calcifiées : les dépôts minéraux apparaissent floutés et ponctués ou striés 2. La tumeur peut initialement prendre l’aspect d’une lésion non agressive, comme celle d’un kyste 2.
La mise en évidence d’une fracture pathologique est décrite 4.
D’autres types tumoraux peuvent mimer l’aspect du SS et donc atteindre les deux os d’une articulation, à savoir : fibrosarcome, rhabdomyosarcome, fibromyxosarcome, histiocytome fibreux malin, histiocytome, liposarcome et sarcome indifférencié (TAB.) 2.
Ces radiographies doivent être complétées par un bilan d’extension incluant trois clichés thoraciques et une échographie abdominale ou idéalement un scanner de l’abdomen et du thorax.
Des biopsies par arthrotomie ou arthroscopie sont nécessaires pour obtenir le diagnostic définitif 5. Ici, pour des raisons financières et pour être moins invasif, il a été décidé de le faire à l’aide d’une pince de Kerison. Cela
nous a permis d’obtenir des biopsies de bonne qualité permettant le diagnostic.
Pour le chien de notre cas, le diagnostic n’a pas été immédiat et une rupture du ligament croisé crânial était visualisée en premier lieu. Cette lésion du ligament croisé antérieure est la probable conséquence de l’infiltration tumorale.
Les lésions radiographiques initiales étaient minimes et peu évocatrices d’un processus néoplasique. Les lésions radiographiques à 1 mois postopératoire étaient plus franches et montrent bien l’évolution de ces signes : il y a eu un délai de 2 mois entre l’apparition de la boiterie et la mise en évidence de lésions radiographiques permettant de suspecter une tumeur. Aussi, le défaut de cicatrisation de l’os suite à l’ostéotomie pourrait être dû à une métastase sur le site d’ostéotomie.
Des biopsies synoviales auraient pu être réalisées en première intention, conjointement à la ponction articulaire. La conjonction de ces deux examens aurait augmenté la probabilité d’établir un diagnostic de certitude et éviter la réalisation de l’ostéotomie de nivellement. Néanmoins, une biopsie est un acte chirurgical invasif ce qui alourdit la prise en charge initiale. Le diagnostic de sarcome peut être obtenu à la cytologie qui nécessite néanmoins des colorations spécifiques pour obtenir un diagnostic plus précis 6. La tumeur peut être confondue avec un sarcome histiocytaire, même à l’histopathologie 6. L’exactitude de la cytologie pour les lésions osseuses est de 83 % contre 82,1 % pour l’histologie 7.
Le traitement de choix consiste en l’amputation haute du membre afin d’éviter les récidives locales. L’intérêt d’un traitement adjuvant reste peu connu actuellement. Il s’agit de la tumeur présentant le plus fort taux de récidive du moignon par rapport aux autres types tumoraux pour lesquels il y a une indication d’amputation du membre 1.
Selon la proportion de cellules épithéliales malignes et mésenchymateuses on parle de tumeur monophasique ou biphasique 1. Il est recommandé d’utiliser la vimentine et la cytokératine pour l’immunohistochimie des biopsies
pour le diagnostic. Cette classification n’a pas été utilisée dans le rapport d’histopathologie de notre cas.
On rapporte aussi, avec parfois une confusion, des sarcomes histiocytaires et des myxomes synoviaux à ce niveau 1. Le SS est classifié en 3 grades histologiques.
Le potentiel métastatique est fonction du grade histologique (I à III). Le temps médian de survie est de 7 mois pour le grade III, 36 mois pour le grade II et 48 mois pour le grade I 8.
Les facteurs pronostiques incluent le stade clinique, le grade histologique et l’étendue de la chirurgie 1. La médiane de survie est de 6 mois en présence de métastases aux nœuds lymphatiques ou pulmonaires, contre 36 mois ou plus en l’absence de métastases. La médiane de survie est de 850 jours pour les cas amputés contre 455 jours pour les cas où une résection marginale a été préférée 1. Le délai moyen entre le diagnostic et le décès est de 5,3
mois (0-16 mois) 3.
En définitive, le synoviosarcome est une tumeur peu fréquente du tissu synovial pour laquelle le pronostic peut être bon à réservé en fonction de la présence de métastases ou non au moment du diagnostic. Les signes radiographiques peuvent être frustes dans la phase précoce de la maladie et deviennent plus clairs sans être pour autant pathognomoniques dans la phase tardive
La biopsie permet le diagnostic définitif. Le traitement de choix est l’amputation haute du membre et peut permettre jusqu’à 850 jours de médiane de survie.