Épidémiologie
Les maladies péricardiques chez le chat sont peu fréquentes, avec une prévalence entre 1 et 2,3 % [1, 8]. Les causes principales sont cardiaques (majoritairement une insuffisance cardiaque secondaire à une cardiomyopathie), infectieuses ou tumorales [3]. D’autres causes, plus rares, sont décrites : un traumatisme, une coagulopathie, une insuffisance rénale, une hernie phrénopéricardique ou encore une péritonite infectieuse féline (PIF).
Pathogénie
Les péricardites infectieuses bactériennes sont secondaires à la diffusion locale ou septicémique d’une bactérie (bronchopneumonie, infection dentaire, abcès, péritonite, pyomètre, corps étranger migrant) ou sont idiopathiques [2, 4-9]. Ce cas décrit et documente une péricardite infectieuse, d’origine bactérienne, avec l’identification d’une pasteurelle. Il s’agit chez cette chatte d’une forme particulière de péricardite infectieuse, fibrino-suppurée, seulement décrite deux fois auparavant, ce qui constitue une originalité [7, 9].
Signes cliniques
Les signes cliniques sont peu spécifiques et régulièrement en rapport avec la tamponnade consécutive à l’épanchement péricardique (abattement, polypnée, insuffisance cardiaque droite) et à l’infection (pyrexie, perte de poids, anorexie) [4]. Dans le cas présenté, les signes respiratoires ont orienté la recherche d’une affection restrictive respiratoire, d’origine cardiaque ou pulmonaire.
Diagnostic
Les examens complémentaires réalisés ont permis l’identification de l’épanchement péricardique. Il s’agit principalement de l’imagerie (radiographie, échocardiographie), des examens de choix dans l’exploration des maladies péricardiques chez le chien et le chat [3, 4, 8, 9]. L’épanchement ponctionné ainsi que son analyse cytologique et bactériologique sont indispensables pour déterminer sa nature et son origine [4]. Dans ce cas, une bactérie, Pasteurella sp. a été identifiée, de même que sa sensibilité aux antibiotiques, permettant le choix d’un traitement médical adapté. L’origine précise de l’infection péricardique, telle que précédemment envisagée (pulmonaire, abcès, autre), n’a pas été identifiée. Une pleurésie était également présente. Il est possible qu’une infection pulmonaire non diagnostiquée, avec pleurésie, ait été responsable de la péricardite. Lors de péricardite infectieuse secondaire à une infection pulmonaire, la proximité de la plèvre pulmonaire, inflammatoire, avec le péricar, occasionne une inflammation de proximité et une propagation bactérienne sur ce dernier [9]. Il peut en être de même de toute autre propagation de proximité (médiastinite, lymphadénite) [4].
Traitement
Avant la mise en place d’un traitement médical ou chirurgical, la ponction péricardique est l’acte de choix lors d’épanchement péricardique avec tamponnade, afin de lever cette dernière et de restaurer la fonction cardio-circulatoire. Le liquide de ponction est systématiquement analysé, pour en déterminer la nature. La démarche thérapeutique “idéale”en cas de péricardite infectieuse n’est pas clairement définie. Si le traitement médical (antibiothérapie) semble suffisant pour obtenir une guérison dans certains cas, il est possible que, lors de péricardites fibrineuses ou fibrino-suppurées, un traitement chirurgical soit nécessaire (péricardectomie, drainage péricardique et thoracique) [4, 5, 9]. Ce dernier présente également l’avantage de pouvoir réaliser un examen anatomopathologique sur les prélèvements de péricarde et d’autres tissus (la plèvre dans ce cas). Cela a conduit au résultat définitif du type de péricardite, fibrinouppurée, chez cette chatte.
Lors d’infection bactérienne, la molécule antibiotique est déterminée selon les résultats de l’antibiogramme. Dans ce cas, la bactérie identifiée, Pasteurella sp., était sensible à tous les antibiotiques testés, y compris l’association amoxicilline-acide clavulanique choisie. Néanmoins, après la première ponction et la mise en place de l’antibiothérapie, une récidive importante et rapide de l’épanchement a été observée, ce qui a motivé la réalisation d’une péricardectomie. Ainsi, une guérison a pu être obtenue avec l’association du traitement médical et du traitement chirurgical, comme cela a été précédemment décrit [2, 6].
Pronostic
Le pronostic des maladies péricardiques chez le chat est connu, variable, mais associé à l’absence de données suffisantes sur les péricardites infectieuses [3, 8]. Dans ces dernières, le pronostic est mal déterminé du fait du faible nombre de cas répertoriés. L’utilisation d’un traitement antibiotique efficace peut permettre une rémission complète ou une guérison [4, 5]. Cependant, l’addition d’un traitement chirurgical curatif peut se révéler nécessaire, comme dans le cas présenté. De plus amples études seraient nécessaires pour préciser le devenir et la durée de vie de ces cas.
Conclusion
La péricardite infectieuse bactérienne décrite chez cette chatte est originale, car un nombre limité de cas est rapporté dans les publications. Le traitement, à la fois médical et chirurgical, a permis de parvenir à une guérison après une récidive. Néanmoins, afin de pouvoir préciser les données diagnostiques, pronostiques et thérapeutiques, de plus amples études, portant sur un nombre plus important de cas, restent à mener.